Chaque matin, cherche l'étincelle, l'éclair , qui allume en toi le jour. Jean Yves Leloup Les compétences humaines - ou soft skills - que l’on n’apprend ni à l’école ni en famille, sont pourtant au coeur de ce qui entretient la Vie en nous et dans nos existences.
La créativité est de celles-là. Elle peut sembler a priori n'être qu'une compétence parmi d'autres, utile et recherchée, mais ne sous-estime-t-on pas sa véritable puissance ? Laisser la vie rejaillir Certes la créativité est au coeur des compétences dont nous avons aujourd’hui besoin. Dans un monde en constante évolution - ou désagrégation-, savoir trouver et mettre en oeuvre avec les moyens du bord, des solutions adaptées est une qualité précieuse. Mais comment les « personnes créatives » arrivent-elles à sortir des représentations communément admises ? de situations qui semblent inextricables, de problèmes qualifies d'insolubles et de la norme des comportements et de la pensée ? Il me semble que contrairement à beaucoup d'autres, elles se donnent la permission de percevoir ce qu'elles perçoivent réellement, et non ce qu'on leur dit de percevoir ou de sentir , elles d'autorisent leur propre manière de percevoir les choses différemment, elles se donnent l'autorisation de percevoir ce qu'elles perçoivent plutôt que de se conformer à la vision généralement admise, qu'elles créent des liens inédits, saisissent des opportunités restées jusque là latentes et bouleversent l’ordre établi. Leur nouveau regard sur une situation ou un problème donné, en recompose les éléments et à elle seule, cette recomposition dynamique qui remet du mouvement là où il n'y en avait plus, dessine déjà l'issue possible. La créativité défie le grand danger de nos existences et de nos organisations, défini par Jean-Yves Leloup comme « la fixation". Savoir, par son regard, remettre la vie en mouvement et lui permettre de circuler à nouveau, c'est s'opposer à la sclérose, qu’elle soit physique, psychologique, cognitive ou spirituelle, et c'est aussi accueillir l'imprévu qui en jaillira. Ceux qui pensent hors de la boite - « out of the box » - sont donc des éléments sources du changement, dans les organisations, les groupes, les entreprises. Elargissement de la conscience Parmi eux les artistes sont ceux qui, par leur regard, vont encore plus loin: ils nous donnent à voir l’invisible et enrichissent nos imaginaires et notre inconscient d’autres mondes, élargissant notre conscience à la présence d’une réalité autre, cachée, contenue dans la réalité quotidienne à laquelle ils nous font accéder. Ainsi que le dit Marcel Proust : « Grâce à l’art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier, et autant qu’il y ait d’artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition ». En ce sens, en ouvrant nos imaginaires a ..., les artistes changent le monde. Etre humain, c'est être créatif Si nous ne sommes pas tous artistes, nous avons tous une forme de créativité, qui est inscrite au coeur de l’espèce humaine: La créativité est donc l’une des compétences-clés de l’humain qui s’adapte, façonne son environnement, qu’il transforme continûment depuis la nuit des temps. il n’y a pas d’humain non créatif, il n’y a que des personnes parfois bloquées, inhibées et qui n’accèdent pas à leurs ressources créatrices, des personnes éduquées et/ou maintenues dans la crainte de sortir du rang, d’être différentes, paralysées par la peur du regard des autres ou de ce qu’elles nomment « échec ». Mais la créativité comme toutes les aptitudes humaines s’éduque, se favorise, s’encourage, alors elle permet à chacun de s’affirmer en tant que personne avec sa vision propre. Et si elle s’éteint, s’éteint avec avec elle la lumière au coeur de l’homme. La transformation de Soi sur le plan personnel : En permettant de sortir des habitudes (habitudes de pensées, croyances limitantes, attitudes inconscientes, pensées récurrentes et paralysantes ) la créativité est en effet l’un des piliers de la transformation qui s’opère lors des séances de coaching et de thérapie. Elle favorise le mouvement qui permet d’abandonner l’ancien lorsque celui-ci nous enferme, en nous faisant entrevoir la possibilité d’autre chose de possible. Et si le changement a d’abord lieu de manière invisible, inconsciente, il demande ensuite à se manifester concrètement. C’est alors qu’il nous faut trouver en nous l’assise nécessaire pour pouvoir exprimer notre vision, partager nos idées, exposer nos oeuvres, mettre en oeuvre des solutions nouvelles: toutes choses qui peuvent apparaitre bizarres à certains - voire parfois au plus grand nombre - car inédites. Mais lorsqu'il devient impossible de se taire, s'impose le courage de se dire, en affrontant la critique, le regard des autres. Oser s’exposer, oser dire qui je suis, devient vital. (cf normose article suivant ) Devenir Soi Ce dont il s’agit ici est de consentir à devenir celui ou celle que nous sommes profondément et de manière unique, de faire porter notre voix qui peut être une contribution dans la mesure où elle ne se contente pas de répéter mot pour mot ce qui est dit par ailleurs, mais où elle se donne le droit jouer sa propre mélodie en s'ajoutant ºa l'ensemble D Laroche je prefere estre desteste pour ce que je suis qu’âtre aimé pour ce que je ne suis pas Si vous vivez votre vie selon le regard des autres vous ne vivrez jamais votre propre vie Franck Nicolas La créativité n’est pas une fin en soi. Mais la cultiver au quotidien est un moyen sûr, une aide précieuse dans notre chemin vers nous-mêmes. En ouvrant un espace différent, un espace ou ce qui n’était pas possible devient possible, elle accompagne notre chemin personnel d’évolution. est ainsi l’un des acteurs de notre vie secrète et profonde: Elle permet de répondre à cet appel inscrit au coeur de chacun, qui appelle à devenir toujours plus soi-même. Elle soutient le mouvement de la vie qui se dit en nous et c’est elle qui nous permet de résister aux sirènes de la « normose » * ou de la normalité pathologique (voir prochain article :) , à tous ceux qui veulent nous faire taire ou nous convaincre de penser et d’agir comme eux juste pour faire partie du groupe ou de la meute. Liée à notre intuition, elle nous guide de manière sûre sur notre propre chemin, celui de notre âme. Loin d’être seulement un attribut réservé à certains ou un atout sur le marché professionnel, la créativité est ce qui nous permet de débloquer bocages et laisser la vie circuler au niveau collectif et individuel , elle nous réaliser en contribuant efficacement au monde, et si elle contient potentiellement, pour une collectivité malade, des germes de subversion qui invitent à un retour à la Vie, alors réjouissons-nous et cultivons-la !
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Retrouvons ensemble le goût de l'aventure humaine Expatriée depuis 26 ans et ayant élevé mes trois enfants à l’étranger dans un contexte multi-culturel et multilingue, la question de savoir que transmettre à mes enfants s’est imposée à moi depuis bien longtemps. Dans quelle langue les éduquer ? Quel système scolaire choisir ? Ces questions impliquaient de choisir : Dans quelle tradition culturelle les ancrer ? Et, vivant alors dans un pays qui n’existait pas encore au moment de ma naissance (Emirats Arabes Unis), j’eus soudain conscience de les élever pour un monde que je ne connaissais pas encore et me demandais comment leur donner un viatique valable quoiqu’il arrive et quelles que soient les circonstances dans lesquelles ils seraient amenés à vivre? Qu’avons-nous à leur dire d’absolument essentiel ? Et comment le leur dire ? Aujourd’hui mon intuition est devenue une certitude: ils sont en partance pour un monde inconnu et les parents sont de plus en plus pressés par le temps et l’urgence avant que leurs enfants, nos enfants, ne s’embarquent pour un long voyage dont nous ne ferons avec eux qu’une partie du trajet… C’est un peu comme si nous les mettions, contraints et forcés, dans une fusée pour un autre monde. Le voyage est vertigineux par la distance et par la vitesse, et nous ignorons tout de leur destination. Nous sentons bien que nous devons en peu de temps leur transmettre l’essentiel pour survivre. Que leur donnons-nous ? Quel est le meilleur viatique pour ce voyage inédit dans l’histoire de l’humanité ? La question que je me posais il y a 26 ans, se pose aujourd’hui collectivement avec encore plus d’acuité : Qu’avons-nous à leur dire d’absolument essentiel ? Et comment le leur dire ? Eduquer un enfant est-il encore un processus d’adaptation à son environnement ? Nous sentons bien qu’il nous faut définir ce que aujourd’hui éduquer veut dire. Autrefois, on éduquait un enfant pour l’adapter au monde dans lequel il allait vivre. Mais aujourd’hui, dans un environnement structurellement dysfonctionnel au regard des lois de la Vie, cela ne va plus de soi : Eduquer un enfant est-il encore un processus d’adaptation à son environnement ? Quel est le sens de l’éducation: faire de l’être que l’on éduque quelqu’un qui « fonctionnera » bien ou lui donner les conditions de devenir celui qu’il est déjà mais encore en germe? Consciemment ou non, cette question se présente comme une irréductible opposition pour de nombreux parents, tiraillés entre leur désir profond que leur enfant grandisse selon le potentiel qui réside en son être - et la volonté de mettre à sa disposition ce qui lui permettra de le révéler au cours de son existence - et ce qu’ils ressentent par ailleurs comme une nécessité, de faire en sorte que leur enfant devenu adulte puisse « faire sa place « dans la société. Les deux buts de l’éducation (adaptation et développement) ne sont plus liés entre eux. Ils semblent même s’opposer parfois. Qu’est-ce qui a changé ? C’est que nous avons été dépossédés de notre capacité à construire le monde de demain et que celui-ci au fil des jours et des années, s’impose à nous plus que nous ne le choisissons. Quelle humanité allons-nous transmettre à nos descendants ? C’est comme si nous étions collectivement placés devant le choix de la survie (adaptation à un monde que nous n’avons pas choisi) ou de la vie (créativité d’un monde à construire). La question de la transmission n’est donc aujourd’hui pas tant tournée vers le passé que vers l’avenir. Ce qui semblait aller de soi est aujourd’hui mis en question par les ambitions transhumanistes de quelques uns. L’humanité se trouve maintenant confrontée à un choix qui se pose de manière inédite dans l’Histoire: Accepter ce que certains appellent « l’homme nouveau » qui abolit la frontière entre l’humain et le robot - et ce faisant une progressive mais inéluctable déshumanisation à laquelle il faudrait, faute de mieux, adapter nos enfants ? Ou bien refonder notre humanité commune, si diversement exprimée, en travaillant à donner à chaque humain de cette planète les éléments fondamentaux dont il a besoin pour être et grandir en HUMAIN. C’est ce que ce moment, que nous avons collectivement choisi de vivre, nous offre comme défi et comme question: Aujourd'hui, il ne s'agit pas donc pas seulement de savoir quel monde, mais aussi quelle humanité nous allons transmettre à nos descendants ? © Cécile de La Ruelle - avril 2021 |
AuteurCécile de La Ruelle ArchivesCatégories |